"Nous lui devons tous"
Témoignage de Paul Chollet
Pédiatre
Ancien député-maire d'Agen
mots-clés: Michel Serres, René Girard, École, Simone, Enfance, Sport, Amour
Il est, à mes yeux, l’homme qui, dans le Confluent de la Moyenne Garonne et du Gers, a marqué le plus fort notre génération.
Familier des grands penseurs du moment, Michel Serres et René Girard, il continue à être notre référence.
Nous lui devons tous quelque chose de vital dans notre parcours.
C’est à Toulouse que nous nous sommes connus, je ne sais plus par quel hasard, au début de notre vie universitaire. Il commençait une licence de philosophie et je peinais quelque part en première année de médecine.
Très jeune bachelier, il était le seul étudiant de sa génération encore en culotte courte !
Déjà remarqué par ses maîtres qui l’appelaient au sommet de la profession, sa licence obtenue, il s’orienta directement vers l’enseignement.
La rencontre avec sa future épouse Simone et avec l’abbé de Lartigue le précipita vers le monde adulte où il devint professeur de philosophie dans un lycée catholique de Lectoure.
Quelques années après, installé en pédiatrie à Agen, nous nous retrouvions au cœur du débat de l’enfance et de la jeunesse.
C’était dans les années 1968, en pleine « chienlit » crise d’émancipation de la jeunesse, larguant les amarres avec la tutelle parentale et professorale, je recevais dans mon cabinet les parents désemparés presque en rupture avec leurs jeunes.
En Agenais, heureusement, l’abbé Héreen et Pierre Gardeil constituaient le meilleur recours. Pierre et Véronique n’échappèrent pas à la crise.
Le lycée de Lectoure fut à la fois, dans cette période troublée, le bateau de sauvetage de notre jeunesse mais aussi la référence reconnue du monde adulte.
Je me souviens que l’un des miens, dans le lycée agenais le plus reconnu de tous, avait obtenu de ses professeurs un avis favorable pour le baccalauréat avec une moyenne de 4/20 !
Bien sûr, il dut redoubler sa terminale à Lectoure. Rendant son premier devoir de philo à son professeur, Pierre Gardeil, il entendit le commentaire suivant : « Chollet : 10/20… c’est bien parce que je connais votre père ! » L’éclat de rire de ses condisciples constitua pour lui un sérieux repère.
Manifestement, le lycée de Lectoure avec Pierre Gardeil, en point de mire, a constitué une véritable bouée de sauvetage pour cette génération en mal d’autorité parentale clairvoyante et émancipatrice.
Pierre Gardeil était pleinement agenais dans son soutien du SUA dont nous avons partagé ensemble les ères les plus glorieuses.
Il restera le souvenir fort et toujours mobilisateur d’une amitié fraternelle sans égale, dans tous les sens du terme, sur le chemin exigeant de l’amour du prochain qui mène à Dieu.
À Dieu Pierre !
Paul Chollet