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Témoignage de
Fr. Dominique-Marie, religieux prémontré

Une grande grâce de ma vie...

 

   Une grande grâce de ma vie aura été l’amitié de Pierre Gardeil, au long des presque 25 dernières années de sa propre vie, qui correspondent à mon deuxième quart de siècle, entre mes 25 et mes 50 ans. L’amitié bienveillante d’un aîné, d’un maître, qui avait l’âge d’être mon père. La première fois que j’ai vu Pierre, c’était en 1986, j’étais jeune religieux, et j’avais été recruté pour accompagner un petit pèlerinage d’élèves de terminale du Lycée Saint-Jean de Lectoure vers un sanctuaire marial. Nous étions sur la route avec les jeunes, quand une grande limousine noire dépassa lentement la colonne des marcheurs, et sans s’arrêter, vitre baissée, le chauffeur m’avisa d’un sourire et d’un salut à l’accent chantant : « Bienvenue, Frère » ! C’était Pierre. Je crois qu’il me souhaitait la bienvenue dans la vie pastorale de ce lycée dont il était l’âme, mais il me souhaitait la bienvenue dans son propre univers, car il avait une sorte d’univers en lui. J’en fus honoré et réchauffé. La confiance et l’entente furent immédiates, et, au fil des années, l’amitié profonde. Je ne dis pas intime, je crois qu’il faut avoir vécu ensemble longtemps, partagé l’enfance ou l’adolescence, pour parvenir à l’intimité. Nous n’étions pas de la même génération, nous ne nous voyions qu’épisodiquement. Mais des heures merveilleuses d’échange, car Pierre savait admirablement échanger la parole et les sentiments, avaient construit notre amitié, nous partagions la même foi et le même amour de la littérature, de la poésie, de la musique.

 

   Dans les jours qui suivirent cette première rencontre, je participai au Lycée Saint-Jean, chez Pierre – dont la demeure jouxtait le lycée – à une soirée amicale de quelques professeurs, en sa compagnie et celle de son épouse Simone. Je fus stupéfait et séduit. Cet étrange proviseur qui réunissait ses professeurs dans son salon, autour d’un verre d’Armagnac, faisant avec eux assaut de joyeuse érudition tous azimuts, de foi, d’amitié, me parut trancher – à la limite du réel – sur la grisaille éducative que j’avais connue jusqu’alors, ayant moi-même enseigné dans un lycée d’État avant d’entrer au monastère. À Lectoure, Pierre semblait avoir réussi le pari de rassembler un corps enseignant chrétien et intelligent, et d’entraîner avec eux la jeunesse dans leur enthousiasme : à Saint-Jean, le sport, le théâtre, le chant choral, le scoutisme, étaient, à côté des sciences et des lettres, des réalités tangibles, qui transformaient les jeunes, éveillant des vocations pour la vie entière. C’était exceptionnel.

 

   Je garde de mes passages à Saint-Jean cette inoubliable impression : ce lycée était l’œuvre d’une vie généreuse, le travail d’un grand éducateur, d’une équipe enseignante comme on en réunit rarement. Je ne sais pas si l’on a bien compris et mesuré cette extraordinaire réussite – même si l’on venait de très loin pour être élève à Saint-Jean de Lectoure – et je crois que Pierre, si sensible derrière des apparences robustes, a souffert notamment de l’incompréhension ecclésiale – nous en parlâmes souvent par la suite. Pendant les longues décennies de son travail missionnaire exceptionnel auprès de la jeunesse, le soutien de la hiérarchie catholique aura été bien mince, pour ne pas dire tout à fait nul. Pierre Gardeil souffrait qu’on ne sentît pas ou peu, dans l’Église de ces années-là, combien il fallait former une jeunesse chrétienne d’élite, de jeunes apôtres dont la foi et la culture feraient merveille à leur tour. Sa passion éducative, lui semblait-il, n’intéressait guère nosseigneurs les évêques. Pierre, chrétien, ecclésial par toutes ses fibres, souffrait par les siens. Certes, il n’était pas le premier à souffrir de l’idéologie régnante, ni du nivellement par le bas que connaissait alors l’Église, mais il était particulièrement touché, peut-être écorché. J’admirais d’autant plus sa loyauté envers l’institution, sa piété personnelle, sa foi indéracinable. La personnalité forte de Pierre pouvait faire peur, et d’aucuns l’ont cru rebelle à l’institution, mais ils ne voyaient pas qu’elle n’avait pas de plus solide défenseur que lui. Il y a des imbéciles partout.

 

   L’époque où j’ai connu Pierre était peut-être celle où, la maturité venant, il mesurait mieux la fragilité des entreprises humaines, si belles soient-elles. Cette année-là, il avait passé la main de la direction du lycée, et se souciait, en fait, de trouver d’autres modes de transmission de la foi, de la culture, de la littérature. Le merveilleux Pierre que j’ai connu pendant toutes les années suivantes était atteint d’une fameuse rage, qui ne le quitta plus : la rage d’écrire. Pierre avait une plume brillante, chatoyante, baroque, et acérée quand il fallait – il le lui fallait assez souvent. Il avait toujours écrit, notes et articles, mais Pierre voulait écrire maintenant des livres, de vrais livres, ses livres à lui. Je dirai dans un instant ce que j’en pensais.

 

   C’est ainsi, en tous cas, qu’il vint, à maintes reprises, chercher refuge en Normandie, dans notre abbaye de Mondaye : en quête de silence et de concentration. À Lectoure, il était la proie facile de ses amis et de ses relations nombreuses. Tandis qu’à Mondaye, il pouvait écrire en paix, dans un bureau attenant à la bibliothèque du monastère : seules, les cloches le tiraient de son écriture, l’appelant à la prière. Je crois qu’on le vit chaque année, à partir de 1995. Les séjours duraient plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, tant que l’inspiration durait. Pierre venait avec Simone, et tandis qu’il écrivait, des heures durant, son épouse, patiente, souriante, discrète, trouvait à s’occuper au jardin ou à l’atelier de couture. Les frères aimaient les voir ensemble : si différents, si drôles, si amoureux. Pierre faisait autant de bruit que Simone en faisait peu. Lui, avec le verbe haut, et disert, pouvait être impérieux, tonitruant, percutant et abrupt, et elle, si douce, rattrapait les gaffes et calmait les effets, avec un adorable sourire et un léger reproche : « Oh, Pierre ! » Pierre s’arrêtait net dans son discours et la regardait avec tendresse, disait : « Tu as raison. » Puis s’adressant à nous, très philosophe : « Je sais bien qu’on m’aime à cause de Simone. »

 

   À l’abbaye, le soir, entre dîner et complies, le petit réfectoire des hôtes où Pierre et Simone venaient de prendre leur repas se transformait en parloir : les frères passaient saluer nos amis, qui avaient fini par connaître tous les membres de la communauté. Pierre aimait particulièrement nos jeunes frères étudiants, mais aussi notre doyen, frère Hugues, un vieillard truculent, à qui il faisait raconter sa guerre et sa captivité en Allemagne. Pierre ne s’en lassait pas. Chaque année, il disait non sans malice : « Mais, frère Hugues, n’avez-vous pas été prisonnier en Allemagne ? » Et frère Hugues commençait : « Bah, je suis parti en bateau sur le Rhin, le 10 août 1940… » Et Pierre, fasciné comme un enfant à qui on raconte des histoires, se calait dans le fauteuil.

 

   Converser avec Pierre était toujours rafraîchissant, souvent surprenant. Même après des années, quand je l’ai bien connu, et que j’ai su par cœur ses idées-force (mais aussi ses marottes et ses dadas, il en avait comme chacun de nous), j’étais souvent surpris. Car Pierre était un être assez paradoxal. Il maniait les hautes idées théologiques en gardant une foi d’enfant. Il excellait dans l’étude la plus raffinée ou la plus technicienne de la très grande littérature, mais s’enchantait d’un conte ou d’une comptine. Il était très cultivé, très urbain, et en même temps raffolait des joies simples de la campagne. Il aimait Paris, mais comme un provincial acharné. Il était ancien, un peu old school, mais se passionnait pour le nouveau. Il bousculait les institutions tout en les aimant avec passion. Il donnait l’impression de parler tout le temps, mais nul n’écoutait mieux que lui. Il faisait mine de vous envahir, mais c’est lui qui se retrouvait envahi.

 

   Certains soirs, nous parlions longuement, dans la bibliothèque de l’abbaye, entourés de milliers d’ouvrages qui n’avaient jamais entendu un gascon philosophe et théologien si drôle et si subtil. L’année où il vint écrire à Mondaye « Quinze regards sur le corps livré », Pierre était dans le sujet sur lequel il avait écrit toute la journée, et le soir, il avait besoin de raconter ce qu’il avait écrit. J’écoutais, je donnais la réplique, je l’asticotais. Au bout d’une heure, ce professeur impénitent disait : « Oh, frère, vous auriez dû être mon élève ! » Je répondais : « Mais enfin, Pierre, que croyez-vous que je sois en train de faire ? » Pour dire brièvement les choses, Pierre ne le savait pas, mais en réalité il n’avait qu’un seul sujet depuis toujours, celui des « Quinze regards » mais celui des livres suivants aussi. Pierre parlait de l’Eucharistie. « L’infini de grandeur dans l’infini de petitesse », comme il disait. C’était son sujet. Il aimait l’eucharistie, le pain véritable, en fils de boulanger, en philosophe, en chrétien passionné du Christ. L’eucharistie était pour lui la grande réalité, le vrai « corps livré », le seul sacrifice, la grande révolution de l’amour. Il traquait l’eucharistie partout, dans la littérature, le théâtre, la poésie, la musique, le cinéma. Et il la trouvait, bien sûr, car elle y était – parfois en creux, en désir seulement – présente, présence réelle. Pierre se saisissait de Baudelaire ou de Proust, et se mettait à prêcher. J’aimais ces soirées de Mondaye qui ponctuèrent l’écriture de ce livre admirable. Pierre parlait, s’animait, rugissait, versait quelques larmes au passage. Je me laissais faire, j’avais la foi, c’était bien. Pierre me manque.

 

   Certains jours, quand l’auteur s’était trop longuement appesanti sur le bureau, couvrant la table d’un océan de papiers noircis, ou que je le trouvais en panne d’inspiration, je décrétais la trêve. « Pierre, lâchez tout, nous sortons. » Nous prenions la route de la côte et nous allions à Cabourg. Au Grand-Hôtel, bien sûr. J’avais mis dans la voiture l’un ou l’autre tome de la Pléiade de Proust. Dans le salon de l’hôtel, nous commandions le thé et les madeleines, et commencions la lecture, à haute voix, des passages de La recherche que nous aimions tous deux. Chacun prenait le livre à son tour. Les scènes du Grand-Hôtel de Cabourg, devenu Balbec dans la Recherche – Nissim Bernard et les jumeaux à tête de tomate rouge, les conversations avec le liftier qui voulait s’engager dans l’aviation, las de sa cage d’ascenseur – nous ravissaient. Je lisais, et Pierre riait aux éclats, en criant : « Formidable ! » On s’amusait bien. Ensuite on rentrait chanter les vêpres à Mondaye, et Pierre se remettait à écrire.

 

   On pourrait s’étonner qu’un chrétien comme Pierre, d’une piété si droite et éclairée, soit allé chercher le matériau de ses livres sur l’eucharistie chez des auteurs dont la morale n’est pas la première préoccupation. Mais Pierre n’était pas enfermé dans la bigoterie et les sacristies, il voyait les « fleurs du mal », il voyait la beauté du désordre car il savait très bien que dans toutes les misères humaines se cache l’immense désir de la rédemption. Je ne sais plus à quel propos je lui avais dit que la pensée, pour respirer, avait besoin d’un peu de rangement, Pierre avait répondu aussitôt : « Le dérangement fait aussi de l’air. » Pierre traquait l’ordre divin dans les dérangements humains, c’était sa spécialité. C’est pourquoi, je crois, la pensée de Girard l’avait fascinée. Nul n’en parlait comme Pierre.

 

   Je ne veux pas épiloguer sans fin. Je garde comme un secret du cœur le reste de notre relation. Ceci quand même, au sujet de l’écriture. Pierre a écrit une bonne demi-douzaine de livres qui ont compté pour lui et pour ses proches, où il a mis le meilleur de lui-même. Nous avons toujours eu un vrai débat ensemble à ce sujet. Pierre voulait écrire, mais j’ai toujours pensé qu’il était plutôt un homme de la parole. Je bénis Dieu de l’avoir entendu longuement, comme on écoute une musique. Il lisait admirablement la prose et la poésie, sa voix si musicale avait des inflexions d’une justesse parfaite, surtout les inflexions descendantes. Elles servaient sa puissance de conviction, elles entraînaient l’adhésion. Pierre était un chanteur-acteur-né, un charmeur de serpents. Il était fait pour parler, pas pour écrire. Je ne savais pas comment le lui dire sans être cruel. Je lui disais : « Mais Pierre, vous avez parlé à des milliers de jeunes, pendant des dizaines d’années, et vous voulez laisser des traces ? mais le son de votre voix est gravé déjà, pour toujours, dans ces milliers de cœurs humains. » Il secouait la tête, il voulait écrire. Je trouvais son écriture difficile, sa prose trop riche, trop élaborée, trop ciselée, peut-être trop cultivée pour toucher un large public. Je lui lisais à haute voix dix lignes de lui, je posais le papier et je râlais : « Pierre, c’est magnifique, mais on ne comprend rien. » Il riait de bon cœur. Un soir, il me dit : « Dominique-Marie, je sais ce que nous allons faire. Moi, je parle, et vous, vous allez écrire. » Je devais lui poser des questions, et lui répondrait, m’expliquerait ce qu’il pensait, et puis j’écrirais tout cela et nous fabriquerions ainsi un livre d’entretiens, plus facile. C’était l’époque des magnétophones à cassettes, je crois que ces choses-là ont disparu aujourd’hui. Nous nous en procurâmes un spécimen, et l’aventure commença, au long de plusieurs soirées. Nous étions perchés dans le petit salon d’hiver, fenêtre ouverte sur la campagne normande, Pierre parlait d’abondance, j’enregistrais. Il avait dit le premier soir des choses admirables. Le magnétophone avait déjà abimé la voix de Pierre, mais lorsque je me mis à transcrire, ce fut pire : toute musique avait disparu, c’était du Pierre atonal, une partition d’où l’harmonie, le rythme et la mélodie même s’enfuyaient. Autant il était passionnant à écouter, autant la transcription s’avérait impossible. Nous arrêtâmes l’expérience, et je le convainquis, s’il voulait bien, de créer les dialogues lui-même, d’écrire des conversations nées de toutes celles qu’il avait eues si souvent avec des jeunes ou des moins jeunes. Il s’y mit et cela donna, en 1999, un petit livre d’entretiens fictifs, Alors le bon Dieu c’est fini ? Un petit livre qu’il me dédicaça avec ces mots : « À celui qui me fit obligation de ce livre, et qui, de tant de façons, y est présent. » C’était trop dire, mais je lus le livre avec plaisir, car Pierre y parlait simplement – enfin, plus simplement que dans d’autres de ses livres – et aujourd’hui, je reconnais que j’avais tort de le décourager d’écrire, car il dit – là et ailleurs – des choses qu’on a peu ou jamais lues ailleurs, et même sans l’accent gascon et le tendre sourire de Pierre, on peut tout de même en profiter…

 

   Pierre cherchait la vérité. La vérité nue, la vérité vraie des choses, des êtres, de l’histoire aussi. Nous avions des débats sur l’histoire de l’Église. Je retrouvai dans « Alors le bon Dieu c’est fini ? » l’écho de bien des discussions que nous avions eues à Mondaye, et notamment cette idée que Pierre répétait joliment : « Mon Église ne craint pas le froid. » Il voulait dire qu’il faut faire la vérité dans nos institutions, même si on les déshabille un peu, c’est salutaire. Vingt ans avant la découverte des horreurs des abus sexuels commis par des prêtres, Pierre avait raison : mieux vaut laisser éclater la vérité nue que de couvrir l’Église d’un manteau d’injustice. Il n’était pas naïf, du reste, et avait vu bien des choses dans sa vie. Lorsque je lui envoyai le manuscrit de mon livre sur Claire de Castelbajac, il fit, à propos du pèlerinage de Claire en Terre Sainte, une remarque qui m’étonna d’abord sur le fameux P. Marie-Dominique Philippe, pourquoi ne pas la citer : Je n’aime pas ce père Marie-Do, thomistico-mystique adoré comme un super-gourou. Pierre avait senti les dangers de dérive, aujourd’hui révélée, quand les théologiens prennent le pouvoir sur la jeunesse. Lui-même, admiré et vénéré par tant de jeunes, était l’exact contraire d’un gourou.

 

   Au fil des années, nous échangions nos livres – je lui dédiai mon livre sur sainte Foy, il me dédia son Éloge des indulgences (2000) – mais chaque fois, nous lisions tout ou partie des manuscrits l’un de l’autre, afin de progresser chacun. La dernière relecture que je reçus de lui fut celle de mon manuscrit de Claire de Castelbajac, dont je parlais à l’instant. C’était en novembre 2009. Le portrait de cette jeune fille, morte à 21 ans, le toucha. Pierre m’écrivit : « Elle aurait dû être mon élève ! Mais Lectoure, ça n’est que des paysans. J’ai dû croiser dix fois cette ado : on ne s’est pas vus. Maintenant, je la vois. Ne touchez à rien, n’enlevez rien, n’ajoutez ni théologie, ni mystique, ni morale. Tout est comme il faut. La preuve, j’avais commencé ce matin, et j’achève maintenant, cette fin d’après-midi : j’en ai manqué la sieste, c’est un miracle. À cause de vous, à cause d’elle ! Elle m’avait beaucoup agacé, naguère, dans les discours louangeurs. Mais cette sainte minuscule, aujourd’hui, m’a emporté, faisant de moi quelqu’un de bien, pour quelques instants. Ne touchez à rien. Vous avez brodé une fameuse chasuble pour cette sorte de prêtre qu’est la moindre des saintes. Car elle est la moindre, mais comme c’est bien, une sainte qui a presque failli ne pas l’être, soit plus haute quand même que les génies et les héros. Elle a touché le manteau, voilà. Je l’aime, et j’aime Jésus un peu plus. Vos phrases sur l’eau. Et puis « Ce n’est pas grand-chose, ça s’appelle la joie. » Et puis Assise, je ne savais pas comme ce fut beau. Merci, petit garçon. »

 

   Le 4 août 2010, j’ai perdu ma mère, qui venait de naviguer dix ans dans la brume cruelle d’une longue maladie d’Alzheimer : elle avait oublié tout, jusqu’au nom et au visage de ses enfants. J’écrivis à Pierre la nouvelle de cette libération le matin même, et il me répondit ces mots : « Oui, elle est rendue à nouveau à elle-même, à nouveau maman. Et petite fille aussi, dans les bras de la Sainte Trinité. Je vous aime. Je vous embrasse, Pierre. »

   Ce sont les derniers mots que j’ai reçus de lui, puisqu’il mourut quelques semaines plus tard. En apprenant sa mort, je repensai à ce dernier message. Pierre aussi devenait enfin totalement lui-même, dans les bras de la sainte Trinité. Sacré Pierre.

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