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Le Secret de la situation politique
extrait de La Télé sans écran

mots-clés: écriture, polémiste 

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« Soyons enfin clairs » (Arouet)

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Les Ouménés de Bonnada ont pour désagréables voisins les Nippos de Pommédé. Les Nibbonis de Bonnaris s’entendent soit avec les Nippos de Pommédé, soit avec les Rijabons de Carabule pour amorcer une menace contre les Ouménés de Bonnada, après naturellement s’être alliés avec les Bitules de Rotrarque ou après avoir momentanément, par engagements secrets, neutralisé les Rijobettes de Biiliguette qui sont situés sur le flanc des Kolvites de Beulet qui couvrent le pays des Ouménés de Bonnada et la partie nord-ouest du turitalre des Nippos de Pommédé, au-delà des Prochus d’Osteboule.

La situation naturellement ne se présente pas toujours de façon aussi simple : car les Ouménés de Bonnada sont traversés eux-mêmes par quatre courants ; ceux des Dohommédés de Bonnada, des Odobommédés de Bonnada, des Orodommértés de Bonnada et enfin des Dovoboddémonédés de Bonnada.

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Ces courants d’opinions ne sont pas en fait des bases et se contrecarrent et se subdivisent, comme on pense bien, suivant les circonstances, si bien que l’opinion des Dovoboddémonédés de Bonnada n’est qu’une opinion moyenne et l’on ne trouverait sûrement pas dix Dovoboddémonédés qui la partagent et peut-être pas trois, quoiqu’ils acceptent de s’y tenir quelques instants potir la facilité, non certes du gouvernement, mais du recensement des opinions qui se fait trois fois par jour, quoique selon certains ce soit trop peu même pour une simple indication, tandis que, selon d’autres, peut-être utopistes, le recensement de l’opinion du matin et de celle du soir serait pratiquement suffisant.

Il y a aussi des opinions franchement d’opposition en dehors des Odobommédés, Ce sont celles des Rodobodébommédés, avec lesquels aucun accord n’a jamais pu se faire, sauf naturellement sur le droit à la discussion, dont ils usent plus abondamment que n’importe quelle autre fraction des Ouménés de Bonnada, dont ils usent intarissablement.

 

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Hélas non ! ce texte n’est pas de moi. Mais aurais-je pu mieux faire que ce poème de Michaux (plus d’un quart de siècle !) pour commenter le spectacle dominical ? Dans la salle Machin, entre brouhaha et calicots, le plus petit parti de France subdivisait en public ses 2 %. « Mimesis de l'antagoniste », explique le philosophe René Girard.

Ne dites pas que c’est comme au rugby. Le championnat rassemble : on va des seizièmes à la finale et l’estime grandit au fil des tours. La politique fait le chemin inverse : ainsi les radicaux (de gauche) veulent éradiquer leur flanc droit, mais c’est sans espoir ; si petit soit le cheval de bataille, il a toujours deux côtés. Battez-vous les flancs à chercher comment l’efflanquer pour de vrai.

 

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Seul le poème est radical. Y a tout, jusqu’à la racine, de ce que nous avons vu de nos yeux depuis quelques mois.

Lisez les classiques, ils sont toujours d’actualité !

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28/05/78

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