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Homélie de la messe d'obsèques
Abbé Pierre Bonnet

Vicaire général du diocèse d'Agen, curé de Pont-du-Casse

Chers amis,

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,

   Je n’aborderai pas ici la puissance et la profondeur de l’œuvre intellectuelle de Pierre Gardeil, d’autres le feront mieux que je ne saurais le faire. Il n’empêche qu’il y avait chez lui une forme de prophétisme qui le rendait inévitablement incompris même au sein de l’Église qui l’a parfois fait souffrir car son caractère n’était pas à la concession.

   Je n’aborderai pas non plus le don total de sa vie à l’enseignement catholique à travers ses cours de philosophie, d’art, le chant et la musique.

   Je voudrais parler, pour vous, de l’homme qui s’est révélé en vérité dans les épreuves de la fin de sa vie. Tous ceux qui ont eu la grâce de le côtoyer en ces instants ont été fondamentalement touchés et parfois même transformés.

   Trois aspects de sa personnalité se sont épanouis à travers ses épreuves :

   l’homme de Foi

   l’homme du don de soi

   l’homme de la Charité

   Cela n’a été possible que parce qu’il avait un lien vital à l’Eucharistie et par la même à Jésus‑Christ.

   Le Christ, disait-il, est le meilleur anthropologue de nous-mêmes, reprenant ainsi une pensée de Pascal qu’il affectionnait particulièrement : Nous ne connaissons Dieu que par Jésus‑Christ. Nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ.

   Tout d’abord l’homme de Foi

   Permettez-moi avec affection de vous révéler un moment partagé avec lui qui m’a profondément touché.

   Il m’avait fait appeler pour se confesser, recevoir le sacrement des malades et la Sainte Communion. J’y suis allé avec une vraie joie intérieure mais en même temps un peu d’appréhension car à vrai dire Monsieur Gardeil m’impressionnait un peu.

   Par son attitude humble et chaleureuse il m’a fait pénétrer dans le mystère et la grandeur du sacerdoce et notre configuration comme prêtre au Christ souverain prêtre et remonta alors dans mon cœur cette affirmation de saint Jean Eudes :

   « Comme prêtre vous êtes un Jésus-Christ vivant et marchant sur notre terre car vous tiendrez la place de Jésus-Christ, vous représenterez sa personne et agirez en son nom. »

Ainsi se révélait son amour pour l’Église qui nourrit et soutient son peuple à travers ses sacrements.

   Ensuite l’homme du don de soi

   Bien sûr, don de soi dans sa vie familiale et professionnelle, mais dans les derniers tourments de sa fin de vie, ce don de soi s’est approfondi dans l’offrande même de son être et de ses souffrances. Il a communié ainsi aux souffrances du Christ dans la maladie et les épreuves. Il a complété dans sa chair ce qui manque à la Passion du Christ pour son Corps qu’est l’Église.

Une fois de plus, c’est dans son lien à Jésus-Christ, dans l’offrande du Fils au Père, offrande eucharistique, que sa vie s’est achevée.

   Enfin l’homme de la Charité

   Il disait en fin de vie que notre existence était souvent vécue dans l’apparence, parfois même dans la vanité. Ce qui reste en fait c’est la Charité. C’est la Charité qui par grâce nous fait découvrir chez les autres et plus particulièrement chez les plus petits le visage de Jésus-Christ.

« Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » Ainsi, notre Saint-Père le Pape Benoit XVI rappelait combien l’Eucharistie devait nous ouvrir aux autres et à la Charité.

   Cette attention à l’autre, il l’a particulièrement manifestée en fin de vie avec Simone dans une patience dont il n’était pas coutumier et dans un dévouement au quotidien qui n’était pas naturellement sa priorité. Il me disait : « Les jeunes ont tort de ne pas se marier car ils ne connaîtront pas la grâce du sacrement du mariage à l’image de l’amour du Christ pour son Église. »

Encore et toujours Jésus-Christ et son Église.

   Il est mort le jour de la fête de la Croix glorieuse, comme un clin d’œil de notre Seigneur qui l’a pris avec lui sur sa croix en vue de la gloire éternelle et de la Résurrection.

   Avec saint Paul et saint Pierre, nous pouvons affirmer « que le Christ est ressuscité des morts pour être parmi les morts le premier des ressuscités. »

   Ainsi notre foi n’est pas vaine.

Amen.

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